Histoire minière

L’anthracite du plateau Matheysin.

L’exploitation du charbon sur le territoire Matheysin remonterait à l’époque romaine ou quelques grattages des affleurements permettaient d’extraire le combustible. Le plus ancien document qui fasse mention des mines de charbon de la région, est une déclaration des habitants de La Mure au représentant du Dauphin le pénultième en novembre 1261. A cette époque le sous-sol appartient au propriétaire du sol. La technique de travail est rudimentaire. En zone montagneuse, le mineur creuse des galeries à partir des affleurements car les problèmes d’exhaure et d’aérage interdisent un approfondissement important.

Ce n’est qu’à partir de 1548 que les puits d’extraction ont pu s’approfondir grâce à l’utilisation de manèges à chevaux permettant de faire fonctionner des machines à molettes, et à l’invention de pompes évacuant les eaux de la mine. Avec l’introduction de la machine à vapeur, la technique a encore évoluée. En 1768, le Baron de Venterol ouvre dans le secteur de la Motte d’ Aveillans, la première galerie horizontale. En 1802, suite à un rapport très sévère sur la conduite anarchique de l’exploitation de l’anthracite de La Motte, et face à une situation qui était générale dans toutes les régions minières, !’Empereur Napoléon 1er fait proclamer que l’Etat reprend la propriété des mines et accordera des concessions. A partir de 1805, six concessions sont octroyées sur le territoire Matheysin, la plus importante « LA GRAND’RAYE » est concédée à Jules Giroud, géomètre à La Mure. Enfin, le droit minier moderne, voit le jour avec la loi du 21 avril 1810.

En 1856, les trois plus importantes concessions de la région s’associent et créent la Compagnie des Mines d ‘Anthracite de La Mure, qui assurera l’essentiel de la production de la région jusqu’à la nationalisation de 1946. A partir de cette date, ce sont Les Houillères du Dauphiné, qui exploitent simultanément les concessions du Peychagnard, du Marais de La Mure, de la Jonche, et celle de la Motte d’Aveillans. La production annuelle jusqu’en 1820 ne dépasse guère les 5 000 tonnes.

Jusqu’en 1848, les transports se font uniquement par la route et sont rendus très difficiles pendant l’hiver. L’ouverture du chemin de fer de Grenoble à Gap améliore notablement la situation, et surtout l’ouverture du chemin de fer de St Georges-de-Commiers à La Mure donne enfin les moyens de transport et les débouchés qui avaient manqué jusque-là. La production atteint 50 000 tonnes par an en 1905.

A partir de cette date, la Compagnie des Mines de La Mure, favorise l’exploitation charbonnière sur les concessions du Peychagnard au détriment de celles de La Motte d’Aveillans, ce qui a pour effet une augmentation rapide de la production. En 1946, date de la fin de l’exploitation du gisement de La Motte d’Aveillans la production  atteint 320 000 tonnes. Mais ce n’est qu’après une transformation radicale des méthodes d’exploitation et des moyens de déblocage, qu’il fut possible d’améliorer de façon substantielle les rendements et d’augmenter la production pour obtenir une valeur maximale de 791 000 tonnes en 1966.

A partir des années 60, l’arrivée sur le marché d’énergies nouvelles (pétrole, gaz, nucléaire), la mise en exploitation de gisements de charbons étrangers plus rentables car exploités à ciel ouvert (Australie, USA, Colombie, Canada, Afrique du Sud … ), la concurrence des pays de l’Est en matières premières (acier, fonte, coke), des états d’Océanie et d’Amérique du Sud pour les métaux nobles (aluminium, cuivre, plomb, zinc, nickel…),la fabrication des produits finis de consommation courante par les pays d’Extrême Orient (informatique, HiFi, électronique, habillement…), ont contribué à freiner la croissance économique, entraînant la récession de l’exploitation minière dans le pays. Pour des raisons essentiellement économiques, le gisement houiller est de plus en plus difficile à exploiter, la production et les effectifs baissent. L’exploitation souterraine est arrêtée le 31 mars 1997. Près de 32 millions de tonnes nettes de charbon auront été extraites depuis l’origine dans l’ensemble des concessions du Peychagnard, du Marais de La Mure et de la Jonche.

Pour en savoir plus sur l’univers facsinant de la mine et des “gueules noires”, visitez le musée de La Mine Image à La Motte d’Aveillan

 A Saint-Arey

Sur la commune de Saint-Arey, les travaux miniers concernent la concession de La Jonche, la plus au Sud du gisement, avec les galeries de Saint-Arey, Combe-Neveuse et La Beaume.

La GALERIE DE SAINT-AREY est située dans le fond de la gorge du Drac un peu au-dessus de l’ancienne rivière, à la côte 473. Son creusement a commencé en 1919 pour s’achever en 1948 (après de très nombreuses interruptions de chantier) par le percement avec la galerie venant du pied du puits des Rioux. Cet ouvrage, d’une longueur importante pour l’époque (3,6 kilomètres), allait principalement permettre l’exhaure ; il représentait aussi une garantie pour l’avenir de la Mine (approfondissement du gisement vers le Sud). La mise en eau du barrage de Monteynard en 1962, en noyant cette galerie, modifia les données de l’exploitation en ce qui concerne l’exhaure des niveaux les plus bas.

Le premier accident mortel dû à un dégagement instantané de C02 aura lieu dans le prolongement de la galerie de St AREY ; au contact de la grande couche des Rioux le 16 janvier 1946 faisant 8 victimes.

L’entrée de la GALERIE DE COMBE NEVEUSE est située au Sud du quartier du Devay dans un talweg étroit et pentu au lieu-dit « Comba Nevouza » à la cote 770 m. Les travaux de creusement ont débutés en 1959 ; en 1960 la galerie a débouché dans un karst rempli d’eau. Depuis l’eau s’écoule en permanence de ce karst. Le tracé de la galerie sera alors modifié et le percement avec le travers-banc venant du quartier du Devay (niveau 15) aura lieu en 1961. L’exploitation de ce quartier a été difficile du fait de nombreux dégagements instantanés de CO2 dont certains provoqueront des accidents mortels. Le premier accident mortel sur dégagement instantané eut lieu en 1968 et fit une victime. Le deuxième accident mortel eut lieu en 1971 et fit 8 victimes. Après le dégagement instantané du 23 août 1983, la direction des Houillères du Dauphiné prendra la décision de «suspendre l’exploitation de ce quartier pour des raisons de sécurité». Cet arrêt du quartier sera définitif, aucune méthode d’exploitation suffisamment sûr n’ayant été réalisée.

La GALERIE DE LA BEAUME est située juste au-dessus de la retenue E.D.F. du barrage de Monteynard à la cote 515 m, à proximité du hameau de la Beaume. Son creusement a débuté en 1975 pour se terminer en 1987 dans la concession du Peychagnard (jonction avec la descenderie centre des Eperons) à 6 kilomètres de l’entrée de la galerie. Le creusement de ce niveau 20 a été imposé par l’approfondissement des quartiers vers le Sud et la nécessité de trouver une galerie basse pour l’exhaure, l’aérage et l’acheminement du matériel, la galerie de St Arey étant noyée la plus grande partie de l’année. Cette galerie tracée en grosse section (5 m de largeur par 3 m de haut en moyenne) a permis depuis sa jonction avec le quartier des Chuzins en 1979 et jusqu’à l’arrêt de l’exploitation: l’acheminement de la quasi-totalité du matériel (à partir de 1987, seul le peu de matériel nécessaire au niveau 17 descendra par le puits du Villaret), l’aérage (entrée principale des quartiers des Chuzins et Eperons), l’exhaure (sortie principale), l’évacuation des déblais de creusement de la galerie elle-même et d’une partie des déblais du quartier des Chuzins jusqu’en 1989.